• Chronique : le phénomène Kamga Kôtòpî Mignon ou l’humoriste 2.0 de l’heure

    Auteur : Samira Njoya | 9 juillet 2019 | 12 152 vues
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Véritable star sur les réseaux sociaux, ce compte que beaucoup disent anonyme, provoque à chaque sortie une vague d’hilarité chez les internautes. Petit florilège.

Impossible pour un habitué de Twitter de le manquer sur sa TL (timeline ou fil d’actualité sur Twitter). Les Tweets de Kamga Kôtòpî Mignon font partie des tweets  les plus partagés et les plus commentés au Cameroun. La raison en est simple : chacune de ses sorties provoquent un moment de franche hilarité.

A coups de tweets chargés d’humour décalé, décapant ; mais également trash et potache sur les bords, Kamga Kôtòpî Mignon ravit ses followers. « Les petites filles de 19 ans sombrent dans la débauche dans nos universités, au point ou si le sperme était sucré c’est que beaucoup de filles auraient été diabétiques ». Salace, oui. Mais ça marche.

Ils sont aujourd’hui plus de 38 000 qui le suivent, faisant du compte @yemargent l’un des plus courus sur Twitter. Un véritable exploit pour un réseau social considéré comme select où il est presque toujours question de réflexions chargées d’intellect. « Dans la vie tout ne peut pas être toujours sérieux. C’est pour cela que je follow @yemargent », commente une internaute sur Twitter.

Sa recette, un humour sans fard ni filtre qui puise largement dans les relations amoureuses. « Bébé, 2 minutes seulement et tu jouis ? C’est le poisson d’avril Lupidou ». « @yemargent tu vas me tuer un jour », peut-on lire en commentaire sur un autre de ses  tweets. Les femmes et les hommes en prennent chaque fois pour leur grade.

Les femmes sont taclées pour leur attrait supposé de l’argent et leur présumée légèreté : « Tu as 17 ans et chaque mois, y’a au moins 8 garçons qui trempent leurs crevettes dans tes fesses. Si les portugais t’avaient vu pendant la colonisation on devait t’appeler Rio dos bangaloes ». Les hommes pour leur libido bouillonnante ; le tout dans un style familier propre au langage courant camerounais, qui pourtant frappe chaque fois au coin du bon sens : « il sait quand tes règles commencent et finissent, mais il ne sait pas quand tu as besoin d’argent. Ma sœur que Dieu t’éloigne de ce gynécologue que tu appelles mon Lupidou ». Un follower enjoué propose : « Il faut un collège de psychiatres pour gérer ton cas ».

C’est bien cela la recette Kamga Kôtòpî Mignon. Des piques d’humour bien senties, dans une langue qui parle au plus commun et devant lesquelles on a d’autres choix que de se tordre de rire. « On doit te donner un Oscar en fin d’année », se récrée un autre internaute.

Et peu importe qu’il s’agisse de vannes réchauffées ou recyclées, notre humoriste 2.0 du moment grave des blagues atemporelles.

Mais pas toujours, car celui dont les tweets trustent désormais les statuts sur Whatsapp et battent des records de partages surfe également sur l’actualité. C’est ainsi qu’un tropisme vers les sujets d’actualité est de plus en plus observé dans ses sorties. Son grain de sel, il l’a mis dans l’affaire Kunde Malong et ses mauvaises performances sur la CAN 2019 ou lorsqu’il pensait du joueur Bassogog que « la pauvreté a failli nous gâter l’enfant ».

On l’a également vu générer des contenus à polémique sur certaines célébrités, notamment sur l’artiste-musicienne franco-malienne Aya Nakamura qui en le bloquant, a contribué à booster sa popularité.

Une popularité par ailleurs basée sur un humour d’autodérision. La photo de profil qui illustre son compte représente un jeune homme qui n’aurait pas gagné un concours de beauté. Kamga Kôtòpî Mignon, qui est loin d’être mignon, se moque bien de cela. Lui qui ne répond qu’épisodiquement à des interpellations, se plaît cependant à faire quelques fois du charme et du joli cœur chaque fois que son minois suscite des commentaires, somme toute moqueurs.

Pourtant, c’est bien cette autodérision non feinte qui a suscité des doutes sur la véritable personne derrière le compte. Les internautes n’ont pas tardé à penser qu’il s’agit d’un compte anonyme. D’autres théories évoquent même un groupe de personnes derrières ces vannes.

Une thèse qui semble se confirmer devant les récentes migrations vers Facebook et Instagram que Kamga Kôtòpî Mignon a décidé de conquérir. Présent sur Twitter depuis 2009, ce n’est qu’en juin 2019 qu’il crée une page Facebook et un compte Instagram sensiblement à la même période.

Aidés par un indice, sa page de couverture sur twitter, l’on pourrait penser qu’il conduit ses milliers d’abonnés peu à peu vers un projet d’humour d’un cran au dessus de ce qu’il propose aujourd’hui. Contacté, il ne le nie pas. “Oui ya des projets j’attends d’avoir le nombre d’abonnés que je trouve suffisant” indique t-il.

 

Pour le moment, on ne peut que se limiter à reconnaître que cet anonyme qui ne cesse de conquérir le web 237, s’est bâti une forte communauté virtuelle. Avec ses posts qui caricaturent le quotidien des Camerounais et plaisent aux Ivoiriens, Tchadiens, Sénégalais et autres, ce brillant anonyme ne manquera pas l’occasion de se voir décerner le trophée de meilleure personnalité digitale  de l’année. Tellement il nous fait rire et colore nos journées en des temps aussi difficiles.

 

Samira Njoya

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